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Le mammouth

Gravure de mammouth - Grotte de Combarelles (Dordogne)

Des ossements de mammouth sont actuellement présentés dans la vitrine consacrée aux animaux préhistoriques de notre exposition "Mythique préhistoire".

Le mammouth est un mammifère éteint de la famille des éléphants – les Elephantidae – dont les plus anciens représentants ont été découverts en Afrique, dans des sédiments âgés de 4 à 5 millions d’années. Ils se sont ensuite dispersés de l’Afrique vers l’Eurasie, puis vers l’Amérique du Nord un peu plus tard.

Le plus grand mammouth connu mesurait 3.65 m au garrot pour un poids d’environ 5-6 tonnes. Ces animaux grandissaient tout au long de leur vie, ainsi le plus grand animal retrouvé en Allemagne devait être âgé, avec environ 60 ans. En comparaison, l’éléphant d’Afrique vivant dans la savane (Loxodonta africana) mesure jusqu’à 4 m pour 7 tonnes, ce qui reste dans la gamme de taille des mammouths…

Au cours de leur évolution, ces animaux se sont bien adaptés au froid. En effet, ils possèdaient un cloaque anal et une peau très épaisse constituée d’une couche de graisse d’environ 8 cm, surmontée par la peau (env. 2 cm) elle-même recouverte par de longs poils, ainsi que des oreilles de petite taille réduisant les pertes de chaleur – au contraire, l’éléphant actuel a de grandes oreilles pour faciliter la régulation de la température corporelle grâce à une vascularisation (vaisseaux sanguins) importante.

Au niveau de la silhouette, on les reconnaît de suite à leur crâne en forme de dôme, leur bosse nucale au niveau des épaules, leur dos pentu et leurs longues défenses recourbées.


Alimentation et environnement

Les mammouths se nourrissaient d’herbacées et de graminées, mais aussi de mousses et de lichens suivant les saisons. Les mammouths de « l’ère glaciaire » se nourrissaient dans les steppes sous un climat sec et froid, avec très peu d’arbres, ingérant jusqu’à 180 kg de nourriture par jour et buvant jusqu’à 80 L d’eau.

Les incisives supérieures étaient très développées et formaient les défenses, grandissant tout au long de la vie de l’animal. Quant aux molaires, au nombre de 1 de chaque côté des mâchoires supérieures et inférieures, elles servaient à broyer les végétaux en agissant comme de grandes râpes, en mâchant d’arrière en avant. Ces molaires étaient remplacées trois fois durant la vie de l’animal par une nouvelle dent qui poussait en arrière de la mâchoire et qui faisait pression pour éjecter la dent antérieure usée. Une fois la dernière molaire (mise en place vers l’âge de 25-30 ans) usée, l’animal ne pouvait plus se nourrir et mourrait de faim. L’âge des mammouths était ainsi limité par leur dentition.
 

Quand ont-ils disparu ?

Les derniers mammouths se sont éteints il y a seulement 3 700 ans, alors restreints à l’unique île de Wrangel en Sibérie, en raison de plusieurs causes, qui s’additionnent probablement, dont les plus importantes sont la chasse par nos ancêtres et, non pas des moindres, le réchauffement climatique.

Les premiers mammouths africains ont donc côtoyé nos cousins australopithèques (qui ne les chassaient pas, étant surtout végétariens), puis les différentes espèces du genre Homo (l’Homme de Néandertal, de « Cro-Magnon »…), dont nous sommes les derniers représentants – Homo sapiens.

En France, les mammouths de l’ère glaciaire appartiennent à Mammuthus primigenius (aussi appelé Mammouth laineux), qui ont vécu entre -600 000 ans et -10 000 ans.
 

Et dans le Cher ?

Une dent de mammouth a été trouvée dans les alluvions du Cher par R. Filippi qui était responsable des collections au Museum d’Histoire naturelle de Bourges.
 

Le tigre à dents de sabre

Crâne de Smilodon - Collection Muséum de Blois

Un crâne de Smilodon - prêté par le muséum de Blois - est actuellement présenté dans la vitrine consacrée aux animaux préhistoriques de notre exposition "Mythique préhistoire".

Les tigres à dents de sabre sont des mammifères, et plus précisément des félins, possédant deux canines allongées situées sur la mâchoire supérieure et, comme leur nom l’indique, en forme de sabre voire de poignard. Ces canines ont pu atteindre plus de 50 cm de longueur chez certaines espèces.

 

Les relations de parenté

Ces félins au sens large, cousins des lions et panthères, ont vécu de l’Eocène (env. 42 Ma) à l’Holocène, jusqu’à il y a environ 11 000 ans. Ce groupe comprend en fait plusieurs familles ou sous-familles : les Machairodontinae, les Barbourofelidae et les Nimravidae chez les mammifères dits placentaires (l’embryon se développe dans le corps de la mère), ainsi que deux familles appartenant au groupe des mammifères dits marsupiaux (l’embryon finit son développement dans une poche abdominale, le kangourou en est un exemple). Ils représentent ainsi plus de 130 espèces fossiles ! Preuve est faite que ce groupe est très diversifié.

Ces tigres à dents de sabre n’ont en fait aucun lien de parenté avec les tigres actuels (Panthera tigris). Des analyses ADN sur les félins actuels et quelques os appartenant au plus connu des tigres à dents de sabre - le Smilodon (13 000 ans) - montrent même que ce groupe n’a aucun descendant dans les félins actuels, tous les représentants des différents groupes ayant disparu sans descendance (Barnett & al. 2005).

Ce groupe illustre parfaitement ce qu’on appelle la convergence évolutive en paléontologie : des morphologies similaires se retrouvent dans différents groupes sans liens de parenté étroits. Ces convergences sont survenues au moins quatre fois au cours du temps et à chaque fois une tendance à l’allongement des canines a été observée. Ces canines très spécialisées à un type de proie particulier représentaient un avantage lorsque ces proies étaient abondantes. Cependant, dès que ces dernières se faisaient rares ou disparaissaient, il semble que ces structures ont malheureusement porté préjudice aux tigres à dents de sabre, étant dans l’incapacité de se nourrir et de s’adapter à de nouvelles proies. L’hyperspécialisation rend les animaux terriblement efficaces dans leur niche écologique mais aussi terriblement sensibles aux différents changements de l’environnement, des écosystèmes …

Habitat

Bien que l’on représente souvent les tigres à dents de sabre dans des environnements froids des périodes glaciaires, ce qui est vrai pour les espèces les plus récentes, il faut savoir que les premiers représentants de ce groupe vivaient sous des climats chauds durant l’Eocène et l’Oligocène (env. 43 à 7 Ma). De nombreuses espèces seraient apparues au cours du temps, pendant que d’autres s’éteignaient, en relation avec le développement des aires herbacées et des herbivores qui s’y nourrissaient.

Mode de vie

Il est couramment admis que les tigres à dents de sabre chassaient les grands mammifères que sont les rhinocéros, les éléphantidés comme le mammouth, etc. L’hypothèse la plus probable (parmi toutes celles qui existent) concernant l’utilisation des canines hypertrophiées suggère que l’animal poinçonnait la gorge de sa proie de façon à couper les veines dont la jugulaire ; la proie se vidait alors de son sang. Les « tigres » pouvaient également s’aider de leurs pattes pour mieux agripper et mieux poinçonner leur proie. Certaines espèces ont pu chasser en groupe, comme le suggère les restes de Smilodon retrouvés à Rancho La Brea, dans des schistes bitumineux (Pléistocène supérieur, env. 13 000 ans) situés en plein cœur de Los Angeles, aux Etats-Unis (Lebrun 2013).

Si l’on regarde les félins actuels, seuls quelques hyènes et lions s’attaquent à des proies plus grandes qu’eux (le lion : des proies jusqu’à 3 fois plus grandes !), ce qui laisse penser à certains chercheurs que les tigres à dents de sabre s’attaquaient en fait à des animaux de plus petites tailles que les gros mammifères cités précédemment (Andersson & al. 2011).

Qui vivait en France ?

De nombreux restes de félins ont été retrouvés dans le Pléistocène de France. Parmi eux, ont été cités Homotherium crenatidens (env. 1m10 aux épaules) du Puy-de-Dôme, H. sainzelli en Haute-Loire, H. latidens du Pas-de-Calais, Machairodus sp. dans les Bouches-du-Rhône (env. 1 m aux épaules), Megantereon megantereon (env. 72 cm aux épaules), découvert à St Vallier (Rhône-Alpes).

Dans le département du Cher, le seul Felidae connu semble être le lynx. Il fut retrouvé dans des sables du Pléistocène de Rosières (env. 800 000 ans).

Pour conclure, nous resterons sur cette idée que les « tigres à dents de sabres » s’attaquaient aux grand mammifères mais les études continuent et promettent d’être passionnantes afin de mieux cerner ces étranges animaux du passé …
 

Références / Pour aller plus loin

Andersson K., Norman D. & Werdelin L. (2011)
. Sabretoothed carnivores and the killing of large prey. Plos one, Vol. 6(10): e24971 (accès libre sur internet).

Barnett R., Barnes I., Phillips, M., Martin L.D., Harington C.R., Leonard J.A., Cooper A. (2005). Evolution of the extinct Sabretooths and the American Cheetahlike cat. Current Biology, Vol.15 (15), 2p. (accès libre sur internet)

Lebrun (2013). Les mammifères fossiles de l’asphalte des Tar Pits de rancho La Brea. Fossiles n°14.

Peigné S. & Sen S. (Coord.) (2012). Mammifères de Sansan. Mémoires du Museum national d’Histoire naturelle, T. 203.(disponible à la bibliothèque du Muséum d’Histoire naturelle de Bourges)
 

L'ours des cavernes

Un crâne d’ours des cavernes est actuellement présenté dans la vitrine consacrée aux animaux préhistoriques de notre exposition "Mythique préhistoire".

Le célèbre « ours des cavernes » ou Ursus spelaeus ROSENMÜLLER ET HEINROTH, 1794 est un grand ours du Pléistocène supérieur (env. -125 000 à -11 000 ans) qui a vécu dans une grande partie de l’Europe. Son nom vient du fait que ses restes ont souvent été trouvés dans des cavernes. Cette espèce serait apparue vers -250 000 ans. 

Les mâles atteignaient environ 1,30 m au garrot (3,5 m debout) pour un poids de 400-500 kg. Les femelles étaient plus petites et deux fois plus légères, indiquant un dimorphisme sexuel de taille ; cependant aucune différence n’a pu être mise en évidence sur les dents, éléments les plus fréquemment retrouvés.

Globalement, l'ours des cavernes ressemble à l’ours brun, avec un crâne très large, en dôme, et un front prononcé. Fait remarquable, la taille des ours a augmenté pendant les phases glaciaires et diminué durant les interglaciaires, probablement en relation avec la perte de chaleur (un individu plus grand perd moins de chaleur par unité de surface, soit la peau).
 

Des analyses génétiques sur les ours !

De récentes études menées sur de l’ADN ont montré que l’ours des cavernes est proche des ours bruns et des ours polaires (Bon & al. 2008) dont il aurait divergé il y a environ 1,6 millions d’années.
 

Alimentation et environnement

On pensait que ce mammifère de l’ordre des Carnivores avait un régime fondamentalement végétarien (herbe, fruits, feuilles…), avec un apport en viande très faible, car il possède des molaires puissantes pouvant servir à broyer les végétaux. Cependant, des analyses dites taphonomiques (étude des processus intervenant après la mort de l’animal : enfouissement, déplacements des os…) effectuées dans différentes grottes montrent que les ours des cavernes mangeaient une quantité non négligeable de viande (Pinto Llona & Andrews 2004). L’analyse des microtraces laissées par les aliments sur les dents vient confirmer leur régime omnivore avant l’hibernation (Peigné & al. 2009), essentiellement composé d’invertébrés (ex. insectes), de viande et de plantes (graines, fruits, herbes…).

Comme les ours bruns qui vivaient à la même époque, les ours des cavernes hibernaient l’hiver. Les restes fossiles, souvent retrouvés au fond des grottes, indiquent que certains hivers rudes pouvaient leur être fatal. De même, des fossiles d’oursons indiquent que ceux-ci naissaient juste avant l’hiver, ce qui implique une saison des amours durant l’été.
 

Quand a-t-il disparu ?

Ursus spelaeus disparut durant le dernier maximum glaciaire, il y a environ 27 500 ans.
 

Symbolique

Au Paléolithique, certains indices indiquent que l’homme préhistorique respectait cet animal, notamment pour sa force. L’Homme en faisait une sorte d’incarnation de divinité, comme en attestent des sépultures communes (non fortuites !) entre homme et ours dans la grotte de Lascaux (-80 000 ans) et la Grotte de Chauvet (-30 000 ans). La consommation de viande d’ours semble également avoir été courante.
Enfin, dans certaines sociétés plus récentes, l'ours a été considéré comme un double de l'homme, un ancêtre tutélaire, un symbole de puissance, de renouveau, du passage des saisons, et même de royauté puisqu'il fut longtemps symboliquement le roi des animaux en Europe !
 

Des ours à Bourges !

Détrôné par le lion aux XIIe-XIIIe siècles, l’ours retrouve une part de son prestige dans la symbolique choisie par le premier duc de Berry, Jean Ier. L’ours apparaît dans ses emblèmes après sa captivité en Angleterre (1360-1364). Cet attachement à l’ours pourrait venir d’un jeu de mots entre le terme anglais Bear et le nom  Berry. L’adoption de l’ours comme symbole serait alors le témoignage de l’attachement du duc Jean à son apanage du Berry.
Diabolisé par l’Eglise, l’ours renvoie à cinq des sept péchés capitaux dans l’iconographie de la cheminée dite « aux oursons » du palais du duc Jean de Berry (actuelle salle du Conseil Général). Représenté aux pieds du gisant du duc, conservé dans la cathédrale de Bourges, l’ours, alors image du pouvoir princier, arbore les fleurs de lys sur son harnais. 

L’ours est également associé à l’histoire du Berry au travers de l’image de saint Ursin, premier évêque de Bourges, dont le nom issu du latin ursus signifie ours. Le portail du XIIe siècle de la collégiale Saint-Ursin, remonté dans la rue du 95ème de ligne, est orné de rinceaux de feuillages habités d’ours vendangeurs. Le tympan de ce portail développe un calendrier débutant en février, mois durant lequel l’ours sort de sa grotte pour annoncer le printemps.
 

Références

Bon C. &. al. (2008)
. Deciphering the complete mitochondrial genome and phylogeny of the extinct cave bear in the Paleolithic painted cave of Chauvet. Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA (PNAS), 105(45): 17447-17452.

Peigné, S. & al. (2009). Predormancy omnivory in European cave bears evidenced by a dental microwear analysis of Ursus spelaeus from Goyet, Belgium. PNAS, ww.pnas.org_cgi_doi_10.1073_pnas.0907373106 (accès libre sur internet).

Pinto Llona A.C. & Andrews P.J. (2004).Taphonomy and paleoecology of Ursus spelaeus from northern Spain. Cahiers scientifiques du Muséum d'histoire naturelle de Lyon, HS 2, Symposium international sur l'ours des cavernes n°9, Entremont-le-Vieux (Savoie), 25/09/2003 : 163-170.

Le Luel N. (2012). Comment christianiser un ours ? Le mois de février du calendrier du portail Saint-Ursin de Bourges. Cahiers de civilisation médiévale, 55 : 161-172.

Pastoureau M. (2007). L’ours, histoire d’un roi déchu. Editions du Seuil.
 

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